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24 juillet 2014

Bosnie mélangée

Mostar : un pont vers Istanbul

Le hasard fait bien les choses. Pas celui qui nous a amené à cette saleté de poste frontière de Metkovic où la file de trois heures nous a forcé à déjeuner en alternance dans la station service qui bordait l'accès au poste, de chips et d'Orangina : non pas celui-là. Celui qui a fait que, m'étant trompé dans le nombre de journées à passer à Dubrovnik, nous avons décidé d'ajouter une étape à Mostar sur la route de Sarajevo : oui, c'est bien celui-ci!

Stari Most, le vieux pont détruit en 1993 par les Croates

Sandrine avait une image en tête : un pont au milieu de la ville, que les journaux télévisés des années 90 avaient filmé sans relâche, tant il représentait l'opposition entre deux mondes, deux cultures, trois ethnies, serbe, croate et bosniaque. Nous y avons trouvé tout autre chose : un petit centre ville adorable autour d'un pont reconstruit, qui respire l'influence turque, voire ottomane, à pleine effluve. Déjà, dans la campagne de Mostar, nous avions aperçu notre première mosquée depuis le début du voyage : là se situe donc bien la limite occidentale de l'ancien empire ottoman sur les marches duquel nous venons de pénétrer. Des ruelles biscornues aux étals chargés de kebabs en passant par les bibelots des boutiques (des tarbouches, des chichas, des services à café turcs, une collection d'oeil de lion - porte-bonheur musulman classique), tout nous indique à Mostar la proximité de la Sublime Porte, pourtant distante de quelques 1300 km. 

La maison turque

Une sultane...

Une rivière, une ville, des montagnes

Impression rivière passant

Clocher et minarets

L'atmosphère est également devenue orientale, dans les sourires des commerçants, mais reste occidentale comme en témoigne la précision du service. Nous serions donc arrivés à la jonction idéale entre les deux mondes, dans ce petit bout de ville posée sur la rivière Neretva et gardée par de hautes falaises au roc pelé? 

 

Sarajevo oubliée

Pour nous en assurer, nous avons poussé aujourd'hui jusqu'à Sarajevo. Dès l'entrée par l'ancienne Sniper Alley, qui a gardé quelque chose de sa sinistre atmosphère, la ville nous semble figée dans le temps. Les tramways d'un autre siècle comme l'alternance de bâtiments récents et de bétons griffés par les balles de la guerre y sont pour beaucoup. Ce n'est qu'une fois arrivés dans le centre, qui palpite d'abord autour de la vieille ville, encore une fois très ottomane, puis sur des axes piétons plus modernes que cette désagréable sensation s'estompe un peu.

Un tramway nommé soupir

No comment

le centre de la vieille ville

 

Mais dès que l'on s'excentre de nouveau, on comprend que Sarajevo a été oubliée du monde. Sortie des JT par le Moyen Orient ou l'Afrique, elle a reçu bien peu des subsides dont elle aurait eu besoin et semble destinée à garder pour longtemps ses balafres et son air décati, malgré un joli mélange initial d'architecture austro-hongroise et de minarets effilés. Ici, pas de lifting architectural à la libanaise, pas de riches émirs du Golfe pour relancer les hôtels de luxe, simplement la trace de l'Histoire écrite en lettres de sang, tant par le conflit yougoslave que par Gavrilo Princip, exécuteur de l'archiduc François Ferdinand en 1914 et papillon malheureux de l'effet dévastateur qui engendra la Première Guerre Mondiale. Une visite à l'exposition photographique permanente sur le massacre de Srebrenica clôt le tableau : la beauté des photos est à la hauteur de la barbarie des bourreaux. Sarajevo restera la ville des souffrances humaines, malgré le charme indéniable du site naturel qui l'héberge. 

La plaque du scélérat

Les noms de Srebrenica

En parallèle de cette plongée dans les plus dramatiques moments du XXème siècle, nous redécouvrons, après la culture pizza-soda de la côte croate, le plaisir des saveurs orientalisées dans un trio gagnant : dîner à Mostar chez Irma, virtuose du mixed-grill de kebabs pour 10 euros le repas familial, déjeuner chez Bosna, maestro du beurek pour 6 euros le repas familial (un record inédit) et enfin dîner de rois chez Kibe, grand toque de l'agneau grillé à la broche - avec vue superbe sur la vallée de Sarajevo -, pour 50 euros en tout, de l'entrée au dessert, en passant par l'excellent vin bosniaque (vous savez que je ne plaisante pas avec ce sujet-là, je suis donc très sérieux).

 

L'est de Sarajevo au couchant

 

Moralité, on peut être belliqueux et gastronome : nous avons eu la chance de profiter de cette seconde qualité locale...

 

Réflexions de haute volée

Morgane, sortant des toilettes du très beau restaurant Kibe : "je n'ai jamais autant kiffé faire pipi de toute ma vie" 

Morgane, décidément en verve : "j'ai beaucoup aimé la Suisse, parce que c'était très vert et qu'il y avait des vaches"

 

 

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