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14 avril 2023

Le Tadjik, c’est authentique

 

Tojikiston fontostique (les A se prononcent beaucoup O, à la mode russe)

 

La boisson nationale : le thé

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Un bol de Kurutob

 

Avertissement au lecteur : c’est le printemps, Nowrouz en Iran et Navruz au Tadjikistan. Il est possible que les montées de sève dans les tulipes tadjikes et les bouffées d’air pur qui remplacent l’air vicié de l’hiver téhéranais aient influencé ma perception. Je vous prie d’excuser mes possibles délires empathiques, si peu habituels.

 

 

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La longue finale de notre Boeing 737, chargé de 12 passagers pour 180 places (30 au retour), nous permet de survoler des collines dont le vert taché d’ocre ondule à la surface. Peu habitués à autant de chlorophylle, on se shoote au hublot, avant même de débarquer à Dushanbe. C’est que la ville déborde aussi de verdure : larges allées balisées de platanes géants, parcs colorés des tulipes plantées pour Navruz et agrémentés de jeux d’eau dressent une atmosphère de quiétude, que les quelques lourds bâtiments soviétiques qui sont encore présents ne parviennent pas à vraiment troubler. J’avais détesté Tashkent au premier regard ; j’aime beaucoup Douchanbé au premier contact.

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Parc Roudaki

Parc RoudakiStatue d'Ismail Somoni

 

On circule facilement dans cette capitale à l’envergure provinciale, la docilité des conducteurs étant contrôlée presque tous les kilomètres par des policiers zélés qui appliquent la loi avec rigueur, tout en sachant se montrer souples quand surgit un petit billet : ils se remboursent ainsi du prix que leur a couté l’achat de leur charge de policier. C’est la beauté de l’administration soviétique mâtinée de pragmatisme post-soviétique.

 

Les bâtiments officiels, eux, ne déçoivent pas : grands ou larges, visibles de loin, surtout la nuit du fait d’éclairages insistants, ils rappellent à l’homme sa place sur terre. Il y en a trois ou quatre qui se distinguent dans le centre ville et nous reviendrons sans doute les voir dans les jours suivants. Pour le moment, après une courte visite des principaux parcs et de l’immense drapeau de la République du Tadjikistan (plus de 160m de haut pour la hampe tout de même), nous entamons notre séjour par des escapades montagnardes, accompagnées par divers amis qui résident sur place. Notre présence n’est pas sans rapport avec cette incongruité : nous avons plus de connaissances au Tadjikistan que dans la plupart des autres pays du monde. Le séjour était donc avant tout une belle occasion de se retrouver. Il devait aussi se concentrer sur un match de bouzkachi, ce sport équestre, où le cavalier doit ramasser un cadavre de chèvre (au moins 40 kg) et le porter dans l’en-but. Epreuve d’adresse autant que de rudesse, tant pour les hommes que pour les chevaux, il nous faudra trouver une autre occasion de le découvrir, le ramadan ayant scellé le sort de la saison au Tadjikistan.

 LE drapeau tadjik

La première ballade se fera en direction de Romit, petit village situé à 60 km à l’Est de la capitale. Si la ballade est courte, elle donne le ton de la campagne tadjike : de l’eau, des montagnes et des constructions rustiques qu’habitent des Tadjiks modestes et souriants (c’est assez « cliché ambassade », mais c’est notre ressenti ;-)). On découvre aussi que les activités des villageois sont très manuelles : de la cueillette de rhubarbe au transport de bois, nous ne croisons que des villageois et des ânes ; point de mécanisation telle que la vantait la propagande soviétique. Pire, il paraît que plusieurs habitants ont dû réapprendre à faire des semis et des récoltes, le collectivisme ayant retiré ces savoirs basiques des mains de ceux qui n’ont plus de structure pour les nourrir. Si les images que nous prenons sont charmantes, elles sont donc aussi tragiques. 

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Sandrine se fait approcher par de jeunes enfants du village qui échangent avec elle en persan (mélangé de russe = la langue tadjike d’aujourd’hui), la fille la plus hardie lui expliquant adorer la pizza, s’enquérant de savoir si Sandrine est venue en avion (que cette jeune villageoise ne prendra sans doute jamais) et surtout s’ébaubissant devant le vernis argenté des ongles manucurés de cette étrangère. 

 

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On quitte la zone de ballade pour rejoindre le restaurant qui avait été réservé par nos amis la veille, au milieu de ramadan. Pour sûr, il est souple le ramadan au Tadjikistan laïque. On pourrait même dire qu’il est exceptionnel. Si les musulmans constituent le corps principal de la population, les autorités cherchent à limiter leur piété. Nous avons traversé un village dont la mosquée avait été fermée à dessein, pour restreindre l’impact du religieux dans le quotidien. Navruz, fête d’origine zoroastrienne, est célébrée en grande pompe, alors que le ramadan, qui tombe au même moment, se fait discret. Les barbus n’ont pas bonne presse ; cela nous permet au moins de déjeuner tranquillement en bord de rivière de très bonnes truites d’élevage que le patron a choisies devant nous : une par personne. Non merci, celle de 2 kilos nous paraît un peu exagérée pour nos appétits…

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La randonnée suivante s’annonce plus conséquente et plus humide. Deux jours et une nuit dans la zone du lac Iskanderkul et du village de Saritag, dans les monts Fann. Zone de haute montagne qui faisait partie de l’ancienne Sogdiane, cet espace montagneux au Nord-ouest de la capitale nous accueille entre brumes neigeuses et averses éparses. L’eau froide perce nos vêtements de ville, mais n’entame ni notre détermination ni la gaieté du guide tadjik. 

Le lac d'Iskanderkul

Rencontre avec un troupeau de yacks

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Nous admirons ainsi les rives du lac, réputé pour avoir englouti deux mille ans en arrière le cheval Bucéphale que montait Alexandre le Grand. Une souche de bois sculptée et dorée rend hommage au conquérant selon certaines sources ; selon d’autres, elle représente Neptune, protecteur également des eaux douces. Dans les deux cas, il semble que les hommes aspirent aux symboles et fassent fi de la vraisemblance. Pour nous, la statue est celle d’un poulpe doré, qui surveillera notre déjeuner : on a les divinités que l’on mérite. 

20230409_150228Le poulpe doré

Nous écoutons avec respect le tonnerre de la cascade situé en aval du lac. Nous découvrons avec amusement que le président tadjik a deux datchas et trois héliports placés autour du lac. Vu l’état de l’ensemble, le dignitaire, héros qui a stabilisé le pays après la guerre civile et mis sous coupe réglée les administrations et coupes de cheveux des hommes (voir infra), ne doit pas venir souvent tremper ses petits petons dans l’eau émeraude, translucide et glaciale du lac Iskanderkul. Le troisième héliport fait un excellent site de photographie d’ailleurs.

 

Une des datchas présidentielles

Un des héliports

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Cinq kilomètres plus loin, autour de 2400 m, la piste nous conduit au village de Sarytag, où nous passerons la nuit chez l’habitant. Le froid ambiant, que des radiateurs électriques minuscules ne parviennent pas à dissiper, saisit encore nos corps humides quand nos ventres accueillent avec plaisir le repas du soir : poulet et pomme de terres cultivées localement sont très bien cuisinés et suffisamment gras pour reconstituer notre stock de calories. Ils facilitent la prise de sommeil, sous une très épaisse couette (probablement en laine). Sauf pour Sandrine, dont le bout du nez reste froid presque toute la nuit, ce qui est chez elle, comme chez les canidés à la truffe sèche, un signe de grand inconfort.

 

On saute la douche le lendemain, par défaut d’eau, mais on ne saute pas le petit-déjeuner fait notamment de riz au lait. La cuisinière a fait cuire du riz ; elle a ajouté du lait et hop, du riz au lait. Si le goût s’éloigne quelque peu de celui fait par nos mères, la consistance nous assure du carburant pour les heures à venir. C’est le ventre plein que nous quittons la pièce principale de notre logement dont la décoration avait fait l’objet, la veille, de débats contradictoires : les moulures du plafond sont-elles en plastique ou en polystyrène (réponse gagnante de Sandrine : polystyrène) ? Les rideaux nacrés sont-ils jolis ou pas (réponse perdante de Sandrine : jolis) ? Nous étions tous d’accord en revanche pour dire que les 5 centimètres de jour entre la porte d’entrée et le chambranle ne facilitaient pas le travail du mini-radiateur électrique, d’autant que les chaussures et chaussettes mouillées captaient déjà toute son attention.

 

La randonnée du matin restera facile, par la quasi-absence de dénivelé, et soumise seulement à une petite pluie de vingt minutes. Nous profitons donc près de trois heures d’un fond de vallée étonnant, fait de tourbières et de pelouses ornées de crocus jaunes, que surmontent des cyprès, des bouleaux aux troncs parfois brisés par le poids de la neige et des genévriers (ou leurs cousins tadjiks). Des touffes de poils d’ours accrochées sur quelque épineux et une table en bois martyrisée nous rappelle que la zone ne nous appartient pas vraiment. L’atmosphère générale est d’ailleurs un peu inquiétante, entre le soleil qui ne parvient pas à percer les brumes des cimes et les massifs rocheux imposants et lardés de coulées de neige. Seul ce fond de vallée, dont le plat accueille parfois les débordements de la rivière centrale, accepte avec politesse nos foulées timides et les émerveillements répétés du guide, qui s’extasie plus encore que nous sur tel sous-bois ou sur telle arrête enneigée et bleutée. Il faut dire qu’il a un compte Instagram à alimenter le bougre, alors il canarde. La ballade est au global charmante, vivifiante et se termine par un accueil des enfants du village, le visage rond et le regard hardi, à notre retour à Sarytag. 

 

Vue de la chambre

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La chambre au village

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Un repas de plov cuisiné localement plus tard, nous retournons vers Douchanbé, en empruntant le tunnel de la mort. C’est un passage de 2,6 km environ, creusé par les Iraniens, avec lesquels les Tadjiks se sont fâchés avant les finitions. Le tunnel existe donc, mais n’a pas été doté de la moindre extraction d’air et il est éclairé sur une partie seulement. Sa traversée se fait souvent au milieu d’une poussière intense, faite de gaz d’échappements, des poussières portées par les voitures et camions. Les bas-côtés n’ont pas plus d’éclairage et les accidents sont nombreux, d’où son surnom. Nous, on passe crème :-)

 

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A l’entrée de la capitale, une dernière surprise nous attend. Comme il est interdit - sous peine d’amende - de rouler en ville avec une voiture sale, les abords de Douchanbé regorgent de zones de lavage de voiture, version locale. Pour quelques somonis, un vieil homme moustachu décroche son tuyau qui crache sans cesse une grande gerbe d’eau, asperge vite fait la voiture et raccroche le tuyau qui continue d’arroser un sol qui n’a rien demandé. En un kilomètre, nous croisons quatre ou cinq de ces stations de lavage sans produits mais pas écologiques pour autant. Le Tadjikistan se soucie peu de préserver ses ressources d’eau. Il dispose de tant de réserves qu’il alimente, contre monnaie sonnante et trébuchante, son voisin ouzbek qui a lui épuisé ses propres réserves, par la faute d’une mise en culture du coton totalement irrationnelle. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les Tadjiks ont bien le droit à ces petits plaisirs.

 

 

Le retour en ville se fait par des températures des plus agréables, qui varient entre 25 et 29°C. En manches courtes, à coup de taxis pour 1 ou 2 euros, nous arpentons Douchanbé pendant trois jours, largement ce qu’il faut pour en voir les principales attractions. 

 

On commence par le jardin botanique, presque dépourvu d’indications sur les plantes, mais riche d’arbres superbes et offrant un calme sans égal. On y croise, comme ailleurs des femmes qui balaient le sol : bitume, graviers ou sous-bois, rien n’échappe à leurs longs balais de fagots, dans un mouvement perpétuel qui leur assure sans doute leur pitance. Vêtues de gilets oranges (les jTadjiks respectent donc la préemption française .-)), on retrouve leur consœurs en train de bêcher les ronds-points du centre-ville. Il nous semble que pas un espace n’échappe à ce travail manuel, très encadré, qui veut rendre la ville très présentable et agréable. De notre point de vue, c’est réussi.

 

Le jardin botanique

Le jardin botanique

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On poursuit avec la tour de l’Indépendance, que certains surnomment la Dildo Tower (moi, j’aurais dit un mélange entre la fusée de Tintin et le sceptre d’Ottokar, par pudeur). Elle est totalement « Asie centrale », tant dans son apparence (au goût douteux) que dans sa réalisation (les plaques du sol sont déjà fissurées quelques mois seulement après l’inauguration). Outre le panorama de l’étage supérieur, elle abrite des tableaux et quelques artefacts représentant le savoir-faire tadjik : on vous laisse juger. 

 

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Vue depuis la tour

L’entretien des bâtiments n’est d’ailleurs pas le fort des agents locaux. L’état de la Bibliothèque nationale, présentée comme la première d’Asie centrale en termes d’archives (trois millions de livres, capacité à en gérer dix selon la guide), confirme nos impressions. Carreaux cassés, pièces d’un autre âge, gestion des livres à peine informatisée : on sent que les financements n’ont pas été à la hauteur des ambitions. Notre jeune guide qui est bonne anglophone nous fait découvrir chaque département et détaille la fresque centrale qui se veut un résumé historique du Tadjikistan. Avicenne trônant au centre, je lui demande malicieusement s’il était Tadjik. Elle me répond « bien sûr », un peu interloquée par le côté saugrenu de la question.

 

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Et au milieu trône Avicenne

Presque neuf

C’est qu’au Tadjikistan, pays qui se reconnaît dans ses frontières actuelles depuis 1929, on se cherche des figures nationales pour fédérer la population. Sont ainsi convoqués comme faisant partie du roman national Avicenne (né en Ouzbékistan et mort en Iran ; il a possiblement passé une toute petite partie de sa vie dans la région), mais aussi Ferdowsi (monstre sacré de la littérature persane ; il apparaît en peinture au Musée national tadjik, département historique), Roudaki (poète persan réputé être né et mort entre Samarcande et Boukhara en Ouzbékistan) et surtout Ismail Somoni, grand roi de la dynastie des Samanides (famille issue de l’Afghanistan, mais qui a aussi régné depuis Samarcande sur la zone de l’actuel Tadjikistan…), dont la statue trône en majesté au centre de Douchanbé et à côté duquel l’actuel président, Emomali Rahmon, aime bien être représenté. Bon, acceptons le dernier que les Ouzbeks n’ont pas accaparé (ils lui ont préféré Tamerlan, plus classe et plus connu) ; mais on ne passe pas sur les représentations de navires (phéniciens ou Drakkars?) qui ornent les flancs de la Dildo Tower : là, ça va trop loin…

 

Entre temps, nous sommes passés par la mosquée Haji Yaqoub, le seule que nous ayons pu visiter (la mosquée dite « qatarienne » était fermée). Elle affiche de jolies tonalités bleues, de loin. Quand on se rapproche, on constate le caractère rudimentaire voire grossier des peintures, céramiques et autres raccords. C’est lourd et les choix de couleurs sont des plus discutables. Il est possible que notre séjour iranien nous ait rendu particulièrement exigeants sur la minutie du travail, mais je penche ici pour un croisement entre l’absence de soin constaté ailleurs et le fait qu’il s’agit d’un édifice religieux : les fonds alloués ont probablement été encore moins généreux que pour d’autres monuments ; la restauration effectuée en 2001 n’a, pour le moins, pas eu l’effet escompté.

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Les deux monuments suivants de notre série sont le Musée national et le Musée des antiquités. Si le second présente quelques pièces intéressantes, dont un grand Boudha couché, il souffre d’un cadre très désuet (regardez les supports de polystyrène pour les oeuvres…). C’est le contraire pour le premier : le bâtiment est très récent (les dalles sont déjà très abîmées) mais les collections, à quelques exceptions près sont sans intérêt. Il est rare de trouver une affiche descriptive ; on navigue ainsi entre des oeuvres dont on ne comprend pas ce qu’elles font là, quand on se demande carrément qui a eu l’idée osée de les placer dans le musée. De ce point de vue, le premier niveau est incroyable, qui aligne les poteries (modernes) que Salomé réalisaient beaucoup mieux en deuxième année de poterie aux Lilas. On retrouve plus haut une carte des Samanides qui explique qu’ils ont dominé presque toute la Perse (jamais de la vie), quelques autres tableaux aux couleurs improbables et à la symbolique mystérieuse ou encore ce plateau enluminé et calligraphié (au stylo Bic?), qui nous laisse sans voix. On termine avec une représentation d’une fleur, Eremerus Folia, que j’aurais préféré être une morille, mais ce n’est pas le cas. A défaut de toucher mon coeur, l’artiste aurait pu atteindre mon estomac. Doublement raté.

 

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20230412_141910Jolis supports de présentation

Comme on n’est pas des sagouins, on vous met quand même la photo d'une pièce qui surnage. Profitez bien, c’est une exclusivité !

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Le dernier jour nous permet de faire quelques emplettes. On trouve un joli couteau dans une boutique, au milieu de modèles dont les manches sont des cornes de Marco Polo, ce mouflon endémique et assez rare, très impressionnant. La chasse au Marco Polo est un must que de riches chasseurs du monde entier se paie pour des dizaines de milliers de dollars la pièce, après une réglementation qui a permis de réduire le braconnage et de stabiliser la population à quelques milliers de têtes.

 Couteau à manche de corne

On visite enfin le Chaikhona Navruzi, un ensemble hétéroclite de salles de réception de luxe, cinéma, bowling et kart qui a été construit récemment sur proposition du président, pour que les Tadjiks « se sentent fiers de leur maison de thé » (???). Bâtiment démesuré, c’est le seul endroit du pays où nous trouvons un travail d’artisan de grande qualité : marqueterie au sol, piliers sculptés dans le cèdre (détail répété 10 fois par la guide Barno, aux accents russes et au style soviétique qui « remercie Dieu » d’avoir fait perdre les religieux musulmans dans la guerre civile » sic ! ), peintures et mosaïques fines sont au rendez-vous. C’est juste que, à notre goût, il ne fallait pas tout mettre ensemble dans les mêmes pièces, mais il est vrai que nous ne sommes pas tadjiks : on ne sait pas bien apprécier ce qui est authentique.

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Remarque : j’ai la dent dure pour les apparences trompeuses. Il faut reconnaître que pour un pays découpé au ciseau en 1929 sur une carte à la naissance de l’URSS, il n’est pas aisé de se forger une identité nationale, d’où les expédients utilisés par l’actuel président qui n’hésite pas à payer de sa personne (des dizaines d’ouvrages écrits et d’innombrables photos de lui, toujours d’un pas allant, qui forment l’horizon politique et visuel des Tadjiks). Dans ce contexte, l’ordre laïque imposé et les restrictions de liberté permettent de donner cette vie paisible, au prix d’un musèlement presque total de l’opposition. Le dilemme hobbesien classique entre liberté et sécurité a été clairement tranché par Emomali Rahmon.

 

 

Bonus : des visages, des figures

 

L’Asie centrale a ses marques en termes de mode et le Tadjikistan n’y déroge pas entièrement, mais il a aussi ses propres touches.

Pour les tenues féminines, on trouve très souvent les ensembles pantalon et robe colorés et brodés, (de type suzani) mais dont les couleurs sont généralement plus unies que celles d’autres pays de la région, comme l’Ouzbékistan. Les brillants sont souvent de la partie en revanche et nous avons repéré plusieurs aficionadas du léopard. 

Pour ce qui est des chaussures, on passe d’un extrême - talons aiguilles pour aller faire les courses - à l’autre - sabots en caoutchouc à la campagne ou mules avec chaussettes au restaurant.

Les plus jeunes femmes sont globalement dévoilées. Les autres portent le voile parfois comme un fichu. Certaines l’arborent de façon plus classique pour un pays avec une communauté musulmane. Parmi les femmes mûres, plutôt dans les couches populaires, nombreuses sont celles qui ont doré ou argenté leurs dents : ici, on investit dans la bouche.

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Passons aux tenues masculines : le costume est roi. Il est obligatoire à l’école dès le plus jeune âge, avec foulard type scout ou cravate. Il est d’usage courant au travail. Les Tadjiks portent des costumes de bonne coupe, faits de tissus assez modernes et avec des chaussures également très proches de ce que l’on trouve en Europe : ils ont fière allure. Ils se distinguent clairement de plusieurs pays de la région, où le costume est daté, mal taillé et porté sur des chaussures trop grandes, renforçant le côté artificiel de cet import parfois assez récent.

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En revanche, il est un signe distinctif qui n’est pas vraiment à l’avantage des hommes au Tadjikistan : la coupe de cheveux. Réglementée dans les écoles et universités, elle débouche en masse sur deux types également disgracieux : la coupe Playmobil et le demi-mulet, avec systématiquement une mèche qui doit descendre assez bas sur le front. Du fait d’une capillarité abondante, les résultats sont saisissants et il nous est difficile de dire, malgré de longues discussions, laquelle est la pire.

Le PlaymobilLe demi-mulet

 

 

 

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