Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Outremonde
Archives
Publicité
19 mars 2022

Fars et satrapes 14 / Dehors les Romanos !

 

Nous sommes réveillés à 7h07 par le sifflet harmonieux des deux perroquets gris du Gabon qui habitent la cour centrale de l’hôtel. Le petit-déjeuner avalé, nous prenons le temps de visiter les qanats qui passent sous l’hôtel, comme sous la plupart des maisons aisées de Yazd. Bien que 75 pour cent des qanats soient asséchés aujourd’hui, ces constructions millénaires inventées en Iran (les Arabes ne revendiquent pas la paternité des qanats…) nous émerveillent toujours. Les plus profonds des puits d’aération et d’entretien, le long de qanats qui pouvaient faire des dizaines de kilomètres de long, pointaient à 400m. Aujourd’hui, Yazd est alimentée par l’eau qui arrive d’Ispahan (elle-même en difficulté hydrique) et également par des conduits qui amènent de l’eau désalinisée en provenance du Golfe persique.

 

Le siffleur de 7h07

Vers les qanats20m sous la maison

 

Hosseini arrive à 9h et nous prenons la route de Naïn. Naïn n’est pas dans le Sud de Yazd comme prévu. C’est une ville de la province d’Ispahan, dans laquelle nous avons le droit de séjourner sans autorisation préalable.

 

Car le couperet de la vengeance administrative froide mais exigeante est tombé hier au soir : dehors les Romanos ! Dégagez les bouffeurs de charcutaille! La ville de Yazd ne saurait tolérer que vous souilliez une seconde de plus ses sols irréguliers et que vous arpentiez plus longtemps ses rues pleines de poussière. Vous avez failli dans votre processus administratif. Vous êtes le maillon faible. 

Qu-attendiez-vous donc ? De la mansuétude du MAERII? Alors que la planète entière nous sanctionne depuis 40 ans, que l’Etat sioniste nous attaque depuis aussi longtemps? Alors que nos vaillants Gardiens sont obligés de ferrailler nuit et jour, heureusement portés par la puissance martyrielle d’Hussein et du Mahdi, pour bloquer toutes les manigances américaines? L’arrogance occidentale ne passera pas par le préposé de permanence du MAERII en charge de contrôler l’apposition du tampon dans la case de déplacement des diplomates en goguette. 

 

Donc nous sommes partis vers Naïn. 

Non pas que la ville nous ait fortement attirée, mais je n’ai pas trouvé le moindre hôtel libre à Ispahan, Nowrouz oblige. Ce sera l’occasion de découvrir une petite ville sur la route retour de Téhéran. Hosseini dit tout de suite oui pour nous accompagner, malgré la proximité de Nowrouz.

 

A quelque chose malheur est bon. Nous seulement nous visitons un caranvasérail et une petite forteresse en bord de route mais Naïn recèle quelques belles surprises.

 Caravansérail de la période Qadjar

Les restes de la civilisation

Un excellent restaurant, avec un propriétaire des plus sympas qui est aussi producteur de safran de grande qualité : il y a de fortes chances qu’on y déguste ce soir d’autres plats locaux et que nous repartions avec une ou deux boîtes de pistils de crocus.

 Une soupe locale et les autres entréesLa forteresse en pisé de Naïn

Une vielle ville dont les plus anciens bâtiments datent des époques seljoukide et ilkhanide. En particulier pour la mosquée Jomeh, une des plus anciennes d’Iran qui se distingue par un style très épuré, mais un travail élaboré sur le stuc, rarement vu ailleurs. Et aussi des salles de prière souterraines pour honorer Dieu malgré les chaleurs d’été.

La mosquée JomehLes salles de prière souterraines


Détail de stuc du XIème siècle

Une maison safavide reconvertie en musée où nous trouvons aussi des décors muraux d’une très grande finesse.

 Maison safavide

Iwan dans la maison safavideDétail de l'Iwan

Et surtout une atmosphère de petite ville charmante, avec ses ruelles pavées et ses places ombragées, ses habitants particulièrement souriants et chaleureux. Il faut dire que le persan de Sandrine fait fureur et surprend toujours positivement les Iraniens, qui se plient en quatre ensuite pour nous présenter leurs monuments sous le meilleur jour. 

 

La place de la mosquée

Ainsi de Mahmoud, qui faisait ses ablutions là où buvait un chien… qui se révèle être photographe, parlant anglais et arabe parfaitement et français plutôt bien pour quelqu’un qui a appris en ligne pendant le Covid et qui est aussi guide touristique. Après une prière aussi rapide que ses ablutions furent sommaires, il nous fera faire le tour de la mosquée, pour 5 euros largement mérités. Ainsi de ce vieux maître tisseur dont le visage s’illumine quand on lui dit qu’on est Français et de chez qui nous repartons avec un kilim superbe pour 15 euros.

 Le maître des kilims

Bref, on a perdu une occasion de se faire discrets à Yazd, mais on a gagné les plaisirs des chemins de traverse.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité