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6 novembre 2016

L’envers du décor

Dernière journée de ce court passage en Azerbaijan : nous explorons la péninsule d’Abchéron qui occupe tout l’Est de la capitale. On commence par la montagne de feu, Yanar Dag, symbole du pays qui est souvent surnommé le pays du feu. Ces quelques flammes sont devenues un symbole qui a été figé dans le béton et le verre depuis trois ans qu’existent les Flame Towers, trois tours plutôt harmonieuses qui sont désormais caractéristiques de la silhouette de la ville.

Deux des tours en arrière plan

 

Alors Yanar Dag, on en attend beaucoup! Départ vers la zone au jugé, puisque le GPS fourni par le loueur ne connaît pas et parce qu’aucun panneau n’indique le site qui est une fierté nationale. On quitte le centre ville, on passe les premiers faubourgs, reconnaissables à leurs routes nettement moins bonnes qu’en ville et, à la sortie de Digeh, on tombe presque par surprise sur le site convoité. Au sommet d’un petite colline pelée, un mauvais parking au sol défoncé à gauche, trois bicoques brinquebalantes à droite qui sont gardées par un binôme de militaires : nous y voilà. On décline l’offre d’une jeune femme qui propose la visite guidée et on s’avance vers les flammes qui sortent du sol sur une petite dizaine de mètres, au pied d’un monticule de terre. Sandrine aime, Salomé se réchauffe du vent glacial de ce matin, je monte sur la colline voir si on ne nous a pas caché le vrai site. Eh bien, non! Tout est là, dans ces quelques émanations de gaz qui brûlent la terre en se consumant. Juste de quoi griller un Chamallow, que nous n’avons pas pris. Bref, on s’en va.

 Symbole national

 

Ça besogne au milieu du pétrole

 

On cherche maintenant une grande mosquée chiite de la péninsule, toujours sans autre indication qu’un point sur une petite carte du Lonely Planet. Pour rejoindre la zone, on traverse ce qui constitue à l’évidence la zone industrieuse de Bakou : ici, les matières premières se trouvent, les pièces détachées s’assemblent, les travailleurs s’agitent, pour que la belle ville qui trône à quelques kilomètres puisse se parer de ses plus beaux atours. On passe par exemple dans le quartier des portails ornés, plaqués contre les murs sur des centaines de mètres dans une exposition à ciel ouvert. Les maisons sont bien plus modestes, quoiqu'ornées de toits de tôle colorée assez récents, les rues moins bien entretenues et le paysage se résume souvent à des panneaux de deux mètres de haut, placés de part et d’autre de la route pour cacher les étendues de forage à ciel ouvert qui encerclent les zones habitables. Au détour d’un virage, on aperçoit des zones de marécage, dans lesquelles l’eau s’est teintée d’un brun foncé, sans doute un dépôt du pétrole affleurant.

 Paysage d'Abchéron

Et les Azerbaïdjanais pompaient, pompaient

 

Je soutiens (un peu moins) la police

 

En passant dans une zone habitée, je vois un policier qui me fais signe de m’arrêter. Rapidement, il m’explique que je viens de mal prendre un rond-point qui n’existe pas, mais qui est quand même signalé par un panneau (qu’il me montre), et que cela coûte des sous d’être aussi peu respectueux du code de la route. Je souris moins que la veille, ayant clairement le sentiment que pour compenser des impôts sur le revenu faible, l’Etat utilise la police pour faire casquer les conducteurs. Heureusement, le responsable, qui était resté assis dans sa voiture et qui paraît ennuyé que je ne parle pas un mot de sa langue, me rend vite mes papiers avec un hochement de tête qui signifie : « vous pouvez disposer, mon ami ».  Attention la police azerbaïdjanaise, encore une arrestation zélée et je ne serai plus votre ami!

 Lavage de voiture utile

 

Miroir, mon beau miroir

 

On aborde enfin le bout de la péninsule, dont l’atmosphère est à nouveau bien plus cossue, et on s’approche de la mosquée, guidés par des vendeurs de moutons qui nous hèlent depuis la chaussée pour que nous nous arrêtions acheter chez l’un ou l’autre une bête à sacrifier. Une autre fois peut-être. 

La mosquée Mir Movsum abrite le tombeau d’un saint, connu pour avoir vécu sans os… Passons à l’architecture, qui vaut le détour. La décoration intérieure  des immenses pièces qui entourent le tombeau du saint est entièrement faite (murs et plafond) de petits miroirs argentés placés en relief. C'est typiquement chiite et on retrouve cela à Damas par exemple. On se demande quand même si le constructeur avait en tête de défier la galerie des Glaces à Versailles. Visiblement, les locaux considèrent que ce jeu de brillance met en valeur le tombeau. Les goûts et les couleurs… Tour à tour, en sortant, nous sommes abordés par une petite fille qui me donne des bonbons et par une femme qui nous donne des galettes fourrées d’une pâte un peu sucrée. Nous lirons sur le guide que ce sont les gens dont les voeux se sont accomplis, qui viennent distribuer un peu de la grâce, qu’ils ont reçue, en partage.

Ensemble Mir Movsum

Tombeau, côté femmes Salle de prière, côté femmes

Entrée, côté hommes

Salle de prière, côté hommes

Nous terminons cette virée péninsulaire par le site zoroastrien d’Atechgah, un espace fortifié et réhabilité qui abrite en son sein un petit temple d’où sortent des flammes naturelles : moi qui croyait que le site de Yanar Dag était unique au monde! Cela reste sympa, d’autant que le resto d’à côté nous restaure agréablement. 

Temple d'Atechgah Ainsi brûlait Zarathoustra

 

Caviar et tapis

Il nous reste quelques heures à passer à Bakou, que nous consacrons à la culture locale. Pour le caviar, on en trouve chez un poissonnier signalé dans le guide, à un tarif double de celui annoncé (près de 100 euros la boîte de 90 gr). On tente notre chance dans un petit bazar également signalé dans le guide.  Mais cela sent la magouille à plein nez : l'homme qui m'aborde à basse voix m'attire dans son arrière boutique et ferme la porte précautionneusement. Il me présente des bocaux déjà ouverts et ses emballages sont en mode « je viens de demander à mon fils de deux ans de faire un dessin sur du carton ». Tout cela me dissuade de tenter la sortie du territoire avec un produit moins cher (50 euros les 90 gr), mais possiblement frelaté et de risquer en prime une prune des douaniers azerbaïdjanais, qui sont sans doute copains avec les policiers.

Pour les tapis, on visite le musée éponyme, dont la structure figure un tapis roulé, qui emporte un étage dans chacun de ses plis. Joli de l’extérieur, superbe de l’intérieur. Et comme pour chaque visite (même Atechgah, mais pas Yanar Dag!), les tapis sont parfaitement mis en valeur et plusieurs animations virtuelles ou réelles (des femmes se relaient toute la journée) rendent la visite particulièrement intéressante. Même Salomé apprécie, ce qui prouve qu’un musée bien conçu, c’est quand même mieux qu’un coup de pied au cul.

 

20130716172901Здание_Музея_ковра_в_Баку

Le départ le lendemain matin est plus rude (réveil 5h00 du matin), mais le plaisir de traverser de nouveau une ville vide et fluide, dans l’un des cabs londoniens achetés par le gouvernement en 2012, nous console de la fin d’un séjour court, mais empli de bonnes surprises. 

 

On regrettera toutefois l’absence de panneaux indicateurs et la présence des radars, pour ce qui concerne la circulation. On pensera à la gastronomie locale, excellente et nettement plus variée que celle d’Ispahan, culturellement proche pourtant. On regrettera surtout de ne pas avoir eu le temps de visiter d’autres zones du pays, tant l’air pur de Sheki, porteur des rayons lumineux qui traversent les Shebeke du palais des Emirs, nous a revigoré le corps et l’esprit. S’il n’y avait pas eu l’entourloupe de la montagne de feu, j’aurais sans doute dû reconnaître que la destination était excellente. En toute mauvaise foi, je peux donc dire que c’était pas mal…

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Commentaires
C
Vous lire c'est presque aussi beau que de voyager... il ne manque que les odeurs et les saveurs !
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