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Outremonde
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22 janvier 2012

Bref, j'ai qaté

Invité par un cheikh sexagénaire à passer l'après-midi avec lui et tous ses amis, je pense très fort à l'amitié franco-yéménite et je lui donne mon accord.
J'arrive au beau milieu de la séance.
Tous ses invités sont avachis sur les coussins couleur prune d'hiver qui a oublié qu'il fallait arrêter de mûrir en été.
Je les regarde. Ils arrêtent de parler.  Je commence à parler (salam alaikum). Ils se remettent à parler (alaikum salam). Ils arrêtent de parler.
Je m'assoie à côté du cheikh qui m'accueille comme on accueille un diplomate qui vient participer à une séance de qat.
On me sert un thé. Il me donne un sac plastique empli de feuilles vertes. Je l'ouvre à la manière d'un connaisseur : c'est bien du qat. Il va falloir y aller…
Sollicité par le cheikh, chaque invité s'exprime. Il faut financer le pays. Le Sud est victime du Nord. Saleh est un salaud. Hamid est un fétide. La résolution 924 aurait dû être appliquée. Les dates de l'Hadramaout sont les meilleures.
Je ne comprends pas plus des borborygmes que chacun profère. Mon niveau d'arabe est trop faible. Leur semi-diction brouillée par le qat aussi.
C'est à moi de parler. Ils me regardent tous. Je ne regarde personne.
Une feuille de qat dans la main, et deux ou trois stockées dans la bouche, je réponds d'un ton docte que si Saleh achète des dates du Sud de l'Hadramaout et les offre à Hamid, alors la France pourrait financer le pays.
Ils opinent du chef. Je souris. Le cheikh est content. La séance est réussie.
Bref. J'ai qaté.

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