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31 octobre 2021

Fars et satrapes 6 / Kashan

Kashan - Le parfum persan

 

Nous arrivons à Kashan pour le début de notre première semaine de vacances.

 

Voyage organisé avec l’agence de l’ambassade. Nous leur avons donné les hôtels souhaités et ils ont tout préparé, y compris le véhicule et le chauffeur. Deuxième expérience avec un chauffeur local et deuxième déconvenue. La voiture qui arrive est une vielle Peugeot 405 ; le chauffeur ne parle pas un mot d’anglais, contrairement à ce qui était prévu. Il m’avait appelé le matin pour caler le départ et j’entendais derrière lui quelqu’un lui souffler comme dire « 2 heures » en anglais : j’avais donc compris qu’il n’était pas diplômé d’Oxford.

 

On prend la route avec lui, sans un mot sur le trajet. On quitte vite Téhéran et le paysage devient lunaire au Sud de l’aéroport de Téhéran. De l’ocre, du marron, quelques lignes de crêtes déchiquetées qui se découpent à la lumière tombante. L’impression que la vie, dans cet espace asséché, doit avoir du mal à se propager autrement que dans les ravines prononcées des collines qui bordent l’autoroute. 

Sud de TéhéranSud de Téhéran

 

Au passage de Qom, ville religieuse par essence, on capture un dôme doré.

 Moquée à Qom

Kashan se dévoile avant que la nuit ne tombe. La ville est plate et étendue : ça sent bon la province que les tours de bureau ou de logements entassés n’ont pas atteinte. Ici, l’espace n’est pas un luxe mais une terre à conquérir.

 

Notre hôtel est splendide, une des plus charmants qu’il nous ait été donné de voir. C’est une ancienne maison de la famille Ameri, restaurée au temps de la dynastie Zand. Si vous connaissez cette dynastie c'est que vous êtes mordus de culture persane, car ils n'ont régné que de 1750 à 1794 (mais 9 dirigeants quand même...). La demeure est composée de trois cours qui cernent un bâtiment principal. Chacune est dotée d’un long bassin et d’un Iwan où se protéger de la chaleur. la caractéristique architecturale, c’est que l’hôtel se tient sur trois niveaux différents : celui des cours ; celui des étages et des tours à vent ; celui des cafés et restaurants en sous-sols avec accès direct sur les cours. On passe d’un niveau à l’autre par des marches qui valent bien celles des Incas au Huayna Picchu. C’est le prix de l’harmonie qui se dégage de l’ensemble. 

Hôtel AmerihaIwan de l'hôtel

Et pour la première fois depuis notre arrivée, on entend nettement l'appel à la prère résonner dans le quartier, celui que Téhéran l'athée semble avoir fait disparaître.

 

 

Passée la magnifique surprise de l’hôtel, on part déambuler dans les petites rues biscornues de la vieille ville, vers le bazar. La nuit vient de tomber ; les lumières orangées jettent des lumières à l’ombre desquelles des recoins restent encore visibles. Le pisé des murs rajoute une teinte chaude, que les silhouettes noires des femmes, très nombreuses dans les rues, renforcent par contraste.

Les rues de la vieille villeLes rues de la vieille ville

 

On croise des motos au phare faiblard et au moteur pétaradant et puis on tombe sur ça :

Mosquée Agha Bozorgh

Mosquée Agha BozorghMosquée Agha BozorghMosquée Agha Bozorgh 

C’est la mosquée Agha le Grand. Elle est posée au milieu de la vielle ville comme un sage au milieu de sa case : à sa place. Et elle en impose autant par sa masse que par le superbe contraste entre ses briques douces et ses carreaux de céramique bleus. Juste splendide. Et les étudiants de la madrasa jointe logent dans la cour inférieure.

 
La madrasa inférieure

Le bazar n’a pas d’autre intérêt que celui de mettre côte-à-côte des bijoutiers et des vendeurs de chinoiseries en plastique rose. On est bien loin du charme d’Istanbul sur ce point. On finit dans un très beau restaurant pour y déguster le plat local : le Ghust Lubian est un agneau mijoté dans de petits haricots blancs très doux. Une petite onctuosité de cassoulet, que l’on accompagne d’herbes diverses à croquer qui ajoutent aux saveurs de basilic des tons citronnés très fins. 

 

Gosht Lubian

 

Belle entrée en matière pour cette ville qui fût au sommet de l’art des céramiques au XIIe siècle, mais qui sert aujourd’hui surtout à accueillir les Téhéranais en mal d’authenticité le week-end.

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