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6 septembre 2019

Prévenir l’infidélité

 

De plus en plus souvent, sur Internet d’abord et dans les discussions ensuite, apparaissent des arguments qui sont construits sur des exemples qui sont fallacieux. 

C’est particulièrement vrai quand il s’agit de défendre des thèses marginales. Les thuriféraires les plus engagés sur ces thèses sont prêts à faire feu de tout bois pour prouver qu’ils ont conscience d’un danger que la masse n’a pas vu ; que des faits nous sont cachés, mais qu’ils ont réussi à les dévoiler ; d’une manière plus générale, que ceux qui dirigent le monde sont au mieux des incompétents, voire des cyniques, ou pire des dépravés moraux dont il faudrait se débarrasser.

Plusieurs thèmes reviennent : l’homosexualité, la transparence, la dénonciation des pouvoirs… Ils ont comme point commun le positionnement social ou identitaire de celui qui promeut la thèse, qui se ressent généralement lésé, voire menacé. Il est donc normal qu’il réagisse. Encore faut-il que la menace existe et qu’elle soit prouvée pour que sa réaction soit légitime.

  

Or, il suffit de pratiquer une analyse des faits pour déconstruire ces exemples, qui sont en fait des tromperies. Elles peuvent être inconscientes, mais aussi malhonnêtes (en vue de diabolisation de l’autre) et finissent toujours par discréditer plutôt que de servir à argumenter, sur la base d’une maxime célèbre : « Calomniez ! Calomniez ! Il en restera toujours quelque chose. » 

N.B : une recherche simple montre d’ailleurs que cette maxime n’est pas prononcée par le personnage de Bazile dans le Barbier de Séville (1775) de Beaumarchais, comme on le croit généralement, mais créée sous une forme très proche, par Francis Bacon (1623). Il faut donc toujours vérifier ce que l’on entend dire…

Déconstruisons ensemble ces arguments qui s’inscrivent, en termes stratégiques, dans un cadre asymétrique, c’est-à-dire celui d’une relation du faible au fort. C’est ce que font, dans un contexte très différent, de nombreux groupes (Fraction armée rouge, OLP, Septembre noir, Daesh, etc.) par défaut de moyens mais aussi parce que leur vision morale diffère : ils cherchent à compenser leurs faibles capacités armées par des actes puissamment symboliques dont l’effet ne réside pas tant dans l’impact physique (destruction ou tuerie) mais dans la dimension psychologique. Le point d’application de toutes ces stratégies est le même : la peur. Essayons d’y opposer la raison.

 

Premier cas : la marginalité sexuelle est une menace pour nos sociétés. La preuve, les LGBT le disent ouvertement.

 Le 29 juin 2019, apparaissait sur FB un post du site Le Salon Beige, avec cette photo. Elle était assortie d’un commentaire ironique : « Un grand message d’amour! »   

Capture d’écran 2019-08-03 à 18

 Le contexte : le 28 juin 2019, c’était la Marche des fiertés (Gay pride) en France. La publication de cette photo le lendemain laisse donc penser qu’elle a été prise la veille et que le message qu’elle porte est actuel. 

 Elément particulier de contexte supplémentaire : Vladimir Poutine a fait plusieurs déclarations le 27 juin 2019 dans laquelle il traite des démocraties libérales et de leur obsolescence. Il prend pour exemple de leur faiblesse la prolifération  des lobbies LGBT et la question des crimes commis par les migrants :

 « Les LGBT affirment désormais que les enfants peuvent incarner cinq ou six différents genres. Je ne peux pas dire exactement ce que ces genres sont, je n’en ai aucune idée. (…) Les migrants peuvent tuer, piller et violer en toute impunité parce que leurs droits de migrants les protègent." 

 Ces déclarations relèvent de la même logique d’attribution d’une qualité à un ensemble, que nous pouvons observer sur la photo qui nous intéresse. Celle sur les LGBT sous-entend, avec subtilité, que c’est ce groupe qui a élaboré de nouvelles catégories sociales et qu’elles sont peu lisibles : la distance qu’il met entre lui et ces notions étranges est évidemment une critique sur leur authenticité. La seconde, sur les migrants, est moins subtile…

 Il est pertinent de citer Vladimir Poutine car il est souvent perçu comme une référence par les défenseurs de la thèse exposée. Il est donc possible que son discours ait contribué à la diffusion de ce post.

 Le cadrage de la photo : serré, puisqu’on ne voit pas le reste de la place et les autres banderoles. Les participants (un t-shirt commun avec un motif rose qui pourrait bien témoigner de l’activisme LGBT de ceux qui le portent) n’expriment rien par rapport au message écrit.

 La signification sous-entendue : les LGBT, qui se disent une communauté inoffensive, voire pacifique, forment en réalité une menace directe pour notre civilisation et cette communauté se sent assez sûre d’elle (= la menace est devenue tellement forte) qu’elle n’hésite plus à l’assumer. 

 Les réactions au post sont à l’avenant. Florilège, variant du pathos à la bêtise crasse : 

 

Capture d’écran 2019-08-03 à 18

 La réalité de la photo : un commentateur sur FB reconnait le lieu (place Garibaldi à Nice, typique avec ce bâtiment jaune à arcades blanches), mais personne n’a pu la dater. Des recherches Internet montrent que le 8 mars 2019 a eu lieu un rassemblement pour les droits des femmes sur cette place, avec la présence d’associations LGBT. Un autre rassemblement le 17 mai 2019, journée contre les violences « LGBT-phobes ». Mais également le 28 juin, à l’occasion de la Marche des fiertés. Cela pourrait être n’importe lequel de ces rassemblements ou bien un autre beaucoup plus ancien. Aucune trace sur Internet du T-shirt, qui aurait pu nous donner la solution.

 Cependant, le dernier événement cité, le 29 juin, a été soutenu par un collectif qui poste aussi un programme politique sur Internet, dont le ton pourrait laisser penser qu’il est compatible avec le message de la photo : on y parle de révolution, face à des politiques réactionnaires et d’oppression, et même d’une autodéfense populaire et solidaire face aux groupuscules d’extrême droite, identitaires et néo-nazis. Bref, un vocabulaire qui fleure bon l’extrême-gauche et l’opposition des radicalités.

 On retrouve finalement trace du même slogan sur le site d’une association lyonnaise, qui faisait le compte-rendu de la Gay pride de 2016 et qui avait recensé les slogans utilisés pendant la marche, dont celui de la photo. Ce site est un site anarchiste et pro LGBT : A-info. Il revendique une forme de lutte qui puise son origine dans le contexte de l’événement fondateur de la Gay pride, les émeutes du Stonewall Inn en 1969 aux USA. Dans un contexte d’opposition forte à l’expression libre de la différence de genre, et après nombre d’actions policières pour embarquer des homosexuels qui festoient dans des bars, la communauté s’est révoltée. C’est également le contexte historique du développement des mouvements tels que le Black Panther ou d’affirmations d’autres minorités qui voulaient une place dans la société. A l’époque, déjà, certaines franges de ces mouvements sont ouvertement anarchistes.

 Faut-il en conclure que les LGBT veulent détruire notre société ? 

 

Non, car le Salon beige est coupable de plusieurs biais cognitifs courants, tels que le biais de représentativité ou encore celui de disponibilité. Les biais cognitifs sont notre quotidien à tous, mais quand on prétend informer, la première action  consiste à ne pas les laisser prendre le dessus. La faille principale de la thèse avancée est l’utilisation du collectif "Les LGBT », qui sous-entend que ce qui va être démontré est représentatif de l’ensemble.

 Or, sans que l’on puisse certifier le contexte, il apparaît que si la photo n’est pas un montage et qu’elle est bien récente, le cadrage serré ne permet pas de savoir si tout le rassemblement était du même ton. Et cela est peu probable du fait de l’absence de retentissement médiatique (eh oui ! faisons confiance aux professionnels de l’information, car indépendamment de leurs propres biais, ils ont appris une démarche). C’est la seule photo sur Internet qui montre ce slogan (rien de similaire en anglais non plus) ; il a donc dû apparaître de façon très restreinte. L’analyse faite supra prouve en outre que ce type de revendications est typique de mouvements anti-pouvoir, tels que les anarchistes.

 C’est donc très probablement l’expression singulière (voire condamnable?) d’un sous-groupe politisé à l’extrême-gauche qui ne peut aucunement être mis en exergue d’une communauté vaste et variée, qui elle ne s’inscrit pas dans cette logique. Affirmer le contraire, c’est se tromper et vouloir tromper le monde, en faisant passer une frange minoritaire pour un mouvement de fond.

 Que le reste du mouvement LGBT ne le dénonce pas, c’est bien dommage (peut-être que cela a été le cas), mais il est trompeur de considérer que « Les LGBT », d’un bloc, sont opposés à notre société : c’est même exactement le contraire pour la majorité d’entre eux, dont les revendications essentielles consistent à vouloir s’y faire une place, au même titre que les autres. 

 Une photo, sans contexte, qui laisse libre cours à l’imagination, y compris agressive, n’est la preuve de rien du tout. Et il ne faut pas grand chose pour le prouver. Mais encore aurait-il fallu, pour les éditeurs de la photo, aller au-delà de la réaction primitive à une image brute : nous pouvons constater in fine que cet effort de vérité n’est pas à la portée de ceux qu’elle pourrait desservir. 

 

 Deuxième cas : l’islam est en train de s’insinuer partout. Notre civilisation est en danger.

 Le 28 juin, sur le compte Twitter Ultima ratio apparaît cette capture d’écran. 

 Capture d’écran 2019-06-30 à 14

 

Le contexte : récemment, la question de la liberté de la femme, au regard de la religion musulmane, a été reposée. Porter le voile est-il un choix? Faut-il le défendre, au nom de la liberté de croyance des femmes ? Ou faut-il l’interdire au nom de la liberté des femmes de disposer de leur corps ?

 La capture d’écran : elle utilise une fonctionnalité de Google, qui complète nos débuts de recherche par les propositions les plus fréquemment enregistrées et mémorisées par les algorithmes du moteur de recherche, qui travaillent ici sur des contenus en langue française.

 La signification sous-entendue : les résultats en gras « témoignent » donc du fait qu’en France, l’islam s’étend. Et cela touche en particulier les droits de femmes, puisque le verbe « devoir » entraine automatiquement des recherches autour de l’islam et de la prière. Cela prouve enfin que l’islam n’est que soumission.

 Aucun commentaire à ce post. Seulement l’interpellation en exergue de Marlène Schiappa, représentante du pouvoir, qui fait figure d’épouvantail pour l’auteur du post. Et le commentaire « réalisé sans trucage », qui se veut une preuve de bonne foi et vise à renforcer l’évidence de la démonstration.

 Le procédé est assez habile : ce n’est pas l’intéressé qui émet une critique, c’est la technologie qui parle d’elle même. Elle reflète fidèlement le comportement des gens, puisque c’est une machine qui a comptabilisé ces demandes et qui les classe par ordre de fréquence. Et la majorité des demandes, sur ce sujet, exprime la montée de l’islam dans la sphère privée.  C’est donc la preuve d’une islamisation insidieuse de notre société, que Google révèle.

 Alors, la femme française est-elle majoritairement une femme qui prie en chaussette, à la maison ou plutôt à la mosquée? Ni l’une ni l’autre.

 

D’abord parce que l’on peut faire dire n’importe quoi à un algorithme. Sans entrer dans les détails de la configuration des algorithmes, ce qui constitue en soi un sujet soumis à débat, attachons-nous au fait que la forme de la recherche induit la forme du résultat.

 

Exemple : il suffit de changer un mot à la recherche et on obtient des résultats bien différents.

 

Capture d’écran 2019-06-30 à 14

 On pourrait en conclure que les femmes françaises sont des godiches qui rêvent d’un homme bodybuildé pour les rassurer, mais si possible qui ne les contredisent pas. Peut-on faire plus caricatural et plus éloigné de la réalité?

 Oui, la preuve : 

 Capture d’écran 2019-06-30 à 17

 La réalité de la capture d’écran : nul besoin d’aller plus loin dans la démonstration. Google n’indique rien de plus que ce que l’on souhaite lui faire indiquer. Ce n’est pas un analyste de la société, juste un algorithme.

 En effet, la réalité sociologique en France fait que seulement quelques centaines de milliers de femmes sont des pratiquantes musulmanes (sauf si bien entendu, on estime que les chiffres officiels sont trafiqués : voir le troisième exemple, à ce sujet).

 On trouve sur le Figaro un sondage de 2011, dans lequel 41% des sondés musulmans se disent pratiquants. Les chiffres les plus clairs sur la population musulmane en France estiment à 8,5% la population française de confession musulmane (on parle en fait de culture d’origine, mais soyons magnanimes et prenons ce chiffre comme référence).

 La somme de tous ces chiffres nous indique que les pratiquants musulmans seraient donc environ 2,5 millions en France. Pour mémoire, il y a environ 1 300 imams en France, pour 15 000 prêtres (en forte décroissance). Plus de 50 % des Français se disent catholiques et 8% se disent pratiquants. Combien vont prier régulièrement ? Combien respectent de façon rigoureuse le culte de l’église?

 Il est difficile de comparer ce qui n’est pas comparable (importance variable du rite dans deux religions notamment), mais on peut estimer que dans les deux religions, il y a un écart certains entre ceux qui se disent croyants et ceux qui pratiquent réellement, puis un autre écart entre ceux qui pratiquent et ceux qui se veulent également prosélytes. 

 Car c’est bien cela la question : une pratique privée est une chose ; vouloir l’imposer dans la société en est une autre. Dans le second cas, la France s’appuie sur la Loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905. Pour tout le monde. Elle autorise la liberté de conscience et interdit la subvention des religions. Elle n’interdit aucunement la pratique des « cultes » (selon le mot de l’époque), ni même les signes religieux dans l’espace public. Sur ce dernier point, c’est simplement un usage récent inspiré d’une interprétation restrictive (la peur, encore la peur) de la Loi de 1905 qui nous en fait arriver à des comportements aussi ridicules qu’interdire les crèches dans les mairies ou ostraciser les mères voilées dans les sorties scolaires. Quand on pense à nos grands-mères qui ne sortaient pas sans leur fichu, car « cela n’aurait pas été convenable » dans la société catholique de l’époque, on se dit que les convictions, ce sont parfois bien peu de choses…

 Au global, combien de musulmans cherchent à imposer leur religion, c’est-à-dire au sens non vindicatif à faire en sorte que les lois collent à leurs pratiques et non le contraire ? Combien mélangent leur pratique et leur vie occidentale (« islam de France ou d’Europe », versus islam wahhabite, par exemple) ? Combien de femmes se voient imposer d’aller prier, sans l’avoir choisi (par brutalité du mari ou par force des conventions sociales) ? Un million ? Cinq cent mille ? Cent mille? Moins encore ? Nous sommes plus de 67 millions de Français…

 Ne donnons pas de chiffres, car personne ne le sait et ce n’est pas utile dans le cadre de cette démonstration : ce qui compte, c’est l’écart entre la représentation qu’induit cette capture d’écran, ce qu’elle sous-entend et les réalités de la société française. C’est cet écart qui nous permet de nous dire que ces représentations sont des étais de la peur. Alors moins de représentations et plus de raison, on dort mieux le soir, au moins par honnêteté intellectuelle.

 

Troisième cas : les autorités nous mentent. Elles complotent pour faire disparaître le christianisme.

 Le 21 avril, le site Damoclès diffuse la vidéo d’un internaute qui tente, sans succès, de mettre le feu à une poutre en bois. Le commentaire d’un internaute est clair « ça parle de soi ».

 

Capture d’écran 2019-06-30 à 15

 Le contexte : le 15 avril 2019, un incendie se déclenche dans la cathédrale Notre Dame de Paris. La « démonstration » vise donc à questionner la première version des autorités, qui a déjà écarté le 21 avril la cause volontaire et donc la possibilité d’un acte terroriste. 

 N.B : la fin de l’enquête, trois mois après écarte complètement la thèse intentionnelle.

 Le cadrage de la photo : très serré, il vise à ne se focaliser que sur le feu et le bois. L’extrait pris se situe à près de 4 minutes de la vidéo, soit une durée suffisamment longue, a priori, pour que la poutre ait pris feu.

 La signification sous-entendue : même avec un chalumeau, une poutre en bois ne s’enflamme pas facilement. L’incendie de Notre Dame est donc possiblement criminel, voire terroriste et non accidentel, mais on refuse de le dire. Il pourrait même avoir été préparé par les autorités pour détourner l’attention d’autres problèmes (gilets jaunes, affaire Benalla, etc.).

 Les réactions au post sont plus mesurées, tellement la provocation est grotesque. 

Trois réactions :

- « CQFD »

- « Mais puisqu’on vous dit que c’est un accident… »

- « Depuis le temps que je le dis »

 Un commentateur dénonce cependant aussitôt l’inanité du sous-entendu : 

Capture d’écran 2019-06-30 à 16 

 Il a tout expliqué, ce qui évite de plus détailler : il n’y a rien de commun entre ladite expérience et la situation de la « forêt » de Notre Dame. On est en droit d’attendre des explications, mais pas au prix de telles billevesées. Généralement, les éditeurs de ce genre de contenus, face à la critique, se réfugient dans une posture philosophique : "je ne fais que questionner…». Sauf qu’il ne s’agit en rien du doute cartésien, mais de destruction systématique sans méthode ni fondement : la différence compte.

 L’intérêt du post réside donc dans les sous-jacents, puisque la démonstration est tellement fallacieuse qu’elle ne prend pas. 

 Ils consistent à remettre en cause, aussitôt dévoilées, les conclusions des autorités sur l’incendie. Comme toutes les conclusions qui sont émises, celle-là serait faussée. L’Etat est prêt à truquer des enquêtes, voire à provoquer des incendies d’église. Cela vaut surtout pour le gouvernement Macron, dont les liens avec la finance internationale, voire le milliardaire Soros, sont régulièrement soulignés. D’allusion en allusion, on parvient à dessiner le contour des crimes de nos gouvernants : ils servent des intérêts particuliers, les leurs ou des intérêts internationaux, et non le peuple. Rien de ce qui est expliqué ne peut être cru. Le gouvernement est tout puissant et peut manoeuvrer à sa guise les éléments tels que le feu, pour cacher ses buts réels, qui sont la destruction de l’occident ou l’accumulation extensive de richesses.

 Cette démarche englobe les journalistes, qui seraient au mieux victimes de déformation dans leurs écoles, contrôlées par des gauchistes, au pire des complices de l’Etat pour servir leurs intérêts propres.

 Faut-il conclure que l’Etat nous ment et qu’il cherche à se débarrasser des symboles du christianisme ? Et que le journalisme n’est qu’un outil à son service ?

 Non, bien sûr. S’il est évident que tout individu agit en fonction de ses intérêts et convictions, il me semble hautement tendancieux de suspecter nos dirigeants de trahison permanente envers les intérêts du pays. Car c’est bien à cela que reviendrait le fait de protéger les terroristes ou de provoquer un incendie sur l’un des plus beaux monuments de France. Mitterand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron : tous ont donné, beaucoup donné de leur vie, pour servir leur pays. Qui peut prétendre aujourd’hui qu’être Président de la République est une sinécure? Au-delà des défauts de chacun de ces présidents, il faut reconnaître leur engagement qui touche à l’abnégation. Rien que pour cela, ils ne méritent pas ces sous-entendus diffamants. Respecter ne signifiant pas, par ailleurs, être d’accord avec eux. 

 Il se trouve aussi que les problèmes auxquels sont confrontés nos gouvernants ont augmenté en complexité, par nature (le monde est plus rapide et plus complexe) et par structure (la puissance du gouvernant dans une démocratie au XXIème siècle s’est réduite). On peut débattre longtemps des solutions (ne croyez jamais aux solutions simples pour résoudre des problèmes complexes…), mais la question posée par ce post est autre : elle est celle de la confiance en nos institutions, qui transfèrent le pouvoir des individus aux gouvernants, avec en regard des outils de contrôle démocratique variés. Soit on cherche à renforcer cette confiance, soit on cherche à la saper, mais il n’y a pas vraiment de juste milieu, quand les démocraties tremblent. « La France démocratique, soit tu l’aimes, soit tu la quittes ! », pourrions-nous dire si l’on voulait parodier une formule nationaliste bien connue.

 Quant au journalisme, s’il faut lui reconnaître aujourd’hui des défauts, tels que l’approximation ou le biais idéologique, c’est en le soutenant plutôt qu’en le stigmatisant que l’on peut espérer corriger ces défauts. Et certainement pas en détruisant la logique du journalisme, qui est bien plus vertueuse que la logique des réseaux sociaux où tout est permis, surtout le pire, comme le démontre ce post.

 

 Conclusion générale 

 Synthèse méthodologique : je pose le contexte. Je vérifie mes sources, en ne faisant vraiment confiance qu’à celles qui sont formées (en général les sources officielles), je me demande systématiquement où est le coup fourré. Et si après tout cela, il reste de la substance à l’exemple que j’ai choisi, il est légitime que je l’utilise. 

 Quand je ne suis pas cette démarche, je contribue à affaiblir la réalité si je relaie ce genre d'impostures. J’ai le droit de le faire, mais si c’est inconsciemment, c’est plutôt navrant, et si c’est consciemment, c’est peut-être que je vise en réalité à « détruire votre société » ?

 Car le problème ne vient pas seulement de ces représentations ponctuelles, mais également de leur accumulation. Les lecteurs ne prenant pas la peine d’aller vérifier chaque affirmation, dans un monde qui va très vite, il reste quelque chose de chacune. Et l’effet d’accumulation tisse une autre conclusion : notre monde est pourri, nos dirigeants sont pourris, les pouvoirs en place nous mentent. Il faut se débarrasser d’eux et les remplacer, soit par un pouvoir fort qui règlera tous les problèmes, soit en rendant le pouvoir aux individus. De la tromperie au complotisme, il y a un seul pas, si vite franchi…

 Cela revient à choisir entre une démocratie illibérale, voire une dictature, et un régime libertaire, comme certains partis américains le promeuvent et comme Tocqueville l’annonçait. Joe devrions-nous pas choisir la défense de notre pays, tel qu’il est et tel qu’il évolue, car aucune identité n’est figée, ou alors elle meurt. 

 Mazarin était étranger, Louis XIV pétri par son ego : les deux ont fait la France. Marie Curie, une femme polonaise, Idriss Aberkane un fils d’immigré : les deux ont fait la France. Landrun un tueur en série français, Sid Ahmed Rezala aussi : les deux l’ont desservie. Proust et Balzac étaient homosexuels : ils ont bien servi la France. Ghaleib Bencheikh, né en Arabie saoudite, défend un islam tolérant. Latifa Ibn Ziaten est un modèle de courage et de compassion. Pas Mohammed Merah.

 Ce sont les actes qui définissent ce que nous sommes, pas les origines ou les identités. Et chercher à prouver le contraire avec des arguments fallacieux est un acte. Dont acte.

 P.S : au fait, celui qui trompe l’autre est généralement qualifié d’infidèle : ne faisons pas ce plaisir aux jihadistes…

 

 

 

 

 

 

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