Mille soleils splendides
On passe la matinée à arpenter Buda, la vieille ville sur la colline à l'Ouest du Danube. C'est comme de l'autre côté, à Pest, sauf que les bâtiments, la structure des rues et l'atmosphère nous ramènent un peu plus en arrière dans le temps. On se voit dans le Moyen-âge tardif, avec des maisons bien alignées et la foule qui va vers le temple.
Celui de Mathias est superbe. Ses tuiles vernissées nous font oublier celles de Sibiu, tant elles resplendissent comme mille soleils splendides. L'intérieur est du même niveau : peintures colorées, croisements complexes de voutes gothiques, escalier avec balustrade sculptés dans le marbre ; rien ne manque.
On bascule après le déjeuner sur Pest, pour la visite du Parlement. C'est bien organisé, presque trop bien, même. On s'ennuie ferme au ton de la petite voix de la gentille guide qui déballe son boniment avec précision et douceur, pendant 40 minutes. Il est interdit de photographier la salle de la couronne, que des militaires gardent en vérifiant que personne ne déclenche son objectif. Sinon, on imagine qu'ils vont nous capturer, nous parler très fort dans les oreilles avec un accent allemand et nous jeter dans le Danube, pour nous faire passer l'envie de contrevenir aux règles! Cette impression est largement renforcée par le fait qu'ils portent la casquette particulière des militaires de la région : une sorte de calot de cuisinier sur lequel on aurait greffé une visière inclinée vers le bas. Ca, c'est très inquiétant...
On erre ensuite dans le quartier magnifique de l'église Saint Etienne, passant de parc en parc pour finir par visiter l'église, dont la coupole de toit ressemble beaucoup à celle de l'opéra à Paris. Intérieur très joli encore. Budapest alterne donc les rues superbes et aérées avec des façades sculptées très élégantes et les églises magifiques avec les restaurants branchés : on aime, sans réserve.
On termine quand même notre petit séjour le lendemain, la route nous attendant. Mais avant de partir, on sacrifie à une curiosité ancienne qui nous pousse à visiter la synagogue la plus proche de notre hôtel, la synagogue de Kazinczy. C'est notre première, nous qui avons tant traîné nos galoches dans les églises et autres mosquées. Le vieux monsieur à l'entrée nous donne très gentiment quelques repères de son histoire pour dire qu'il n'y a plus peronne et qu'avant, c'était le bon temps. Puis on déambule seuls, dans la salle centrale, dont l'Architecte a décidé qu'elle serait essentiellement décorée par des Menorah, les chandeliers à sept branches. Il y en a en peinture sur les murs, en bougie sur des stèles et en bois dans la zone du prêche. Tant de chandeliers donnent à Morgane une irrépressible envie de danser à la mode de Rabbi Jacob...